Présentation de l’auteur
Je m’appelle Metmati Mâamar je suis né le 12 décembre 1967 à Puteaux (92) ville où mon père récemment décédé, a travaillé toute sa vie. Je suis d’origine Algérienne et de nationalité Française. Ma mère comme la plupart des femmes arabes de cette époque, est une mère au foyer. Les familles arabes sont souvent nombreuses, il est donc très difficile pour ces mères, de travailler à l’extérieur et de s’occuper de la maison. De plus, l’Islam on le sait, restreint la sortie de la femme, non pas qu’elle n’ait pas le droit de sortir, mais disons que son devoir est de s’occuper du bon fonctionnement du foyer, il appartient à l’homme de travailler et de subir la société. Même s’il est vrai que l’on confond souvent principes religieux et traditions ancestrales, sur ce point, la tradition semble être en harmonie avec l’Islam à la seule différence, que l’Islam accorde un statut à la femme qu’on le conteste ou pas, alors que dans la tradition, la femme n’a pas son mot à dire, ce qui constitue purement et simplement de l’arbitraire. Arbitraire que beaucoup d’ignorants et d’ennemis de l’Islam ont volontairement utilisé pour faire croire que ce que subissait la femme arabe était la conséquence non pas de traditions débiles, mais bien la faute de l’Islam. Et j’ai toujours été contre l’arbitraire qu’il touche un proche ou un inconnu, un ami ou un ennemi. Et dans cet ouvrage il s’agit bien de ça, d’arbitraire, dont je suis à présent une véritable victime. Une véritable victime depuis maintenant six années, depuis que j’ai décidé d’écrire. Mon père était également commerçant, ce qui lui permettait comme on dit, d’arrondir les fins de mois. Il vendait des vêtements masculins sur les marchés de la banlieue parisienne et c’est donc très tôt, j’avais à peine huit ans, que j’ai appris la vie, la vraie vie, la mentalité des gens, la valeur de l’argent, le froid qu’il faut pourtant affronter pour survivre, les défis de la concurrence, l’art de négocier… etc. etc. Le marché est une très bonne école, dure mais efficace. Pendant que les jeunes de mon âge dormaient et s’amusaient les jours de repos scolaire, moi j’allais au marché et me levais à cinq heures. Cette expérience me servira toute ma vie, elle a fait de moi un jeune pas tout à fait comme les autres, un jeune qui n’avait pas contrairement à ses copains, besoin de faire des bêtises pour pouvoir aller au cinéma et au Mc Donald. J’étais plutôt un businessman, ce qui m’a évité jusqu’à ce jour bien des soucis. Après les horribles matinées passées au marché, je rentrais dans ma cité rejoindre mes copains et notre seule distraction était de nous balancer des cailloux sur la tête. Il m’est arrivé de rentrer chez moi le visage ensanglanté. Dans cette cité tous les locataires étaient arabes, tous, sauf un qui était portugais, il n’y est pas resté longtemps. Mon loisir préféré était de grimper sur un mur haut d’environ deux mètres cinquante et étroit d’une largeur de pied, c’était un mur comparable au mur de Berlin. Il contournait une bonne partie de la cité. Je m’amusais à monter sur ce mur et le jeu consistait à courir sinon à marcher le plus vite possible et lorsque l’on tombait cela faisait très mal, et on tombait assez souvent. Quoique « grâce » aux chutes, j’étais devenu le plus fort. Un autre jeu ou plutôt c’était une distraction, consistait à prendre une aiguille à la tremper dans de l’encre de chine et à se tatouer les avant-bras, des tatouages qui ne représentaient strictement rien et que je porte encore à ce jour. C’est aussi à cette période que j’ai commencé à fumer des cigarettes, des gauloises, gitanes et des P4. A défaut de cigarettes, il m’arrivait parfois d’enrouler un bout de papier, de l’allumer et de le fumer. Ca fumait donc je fumais ! Sinon on passait notre temps à fouiller les poubelles ou plus exactement les bennes à ordures. Non loin de la cité, il y avait sur le bord de la Seine une benne à poubelles destinée aux locataires des résidences des alentours, qui y jetaient parfois des objets que nous considérions comme ayant de la valeur, étant donné qu’ils étaient français donc significativement plus aisés que nous, nous les apaches arabes. Il arrivait alors souvent que l’on trouve des choses relativement intéressantes. La seule qualité requise pour ce genre de « sport » était de courir vite, très vite. En effet, puisque nous étions une petite bande d’une dizaine de personnes à peine âgées de huit ans, c’était le premier arrivé qui prenait la part du lion, ou plutôt la part du chacal. Malgré toute la misère, je garde un très bon souvenir de mon enfance, de cette période de ma vie. J’ignore pourquoi, c’est comme ça. Peut-être parce que cette période de ma vie fut la plus insouciante et la plus chaleureuse. J’ai toujours connu mes parents musulmans, même si ce terme est utilisé un peu n’importe comment aujourd’hui. En effet, nombreux sont ceux qui se qualifient de musulmans parce qu’ils s’appellent Rachid ou Mohamed et parce qu’ils sont arabes, ou même parce qu’ils font le ramadan et la prière. Cependant, l’Islam nous enseigne qu’un musulman est avant tout un être soumis à Allah et donc qui respecte le coran, tout le coran. Et nous savons que le coran n’est pas composé seulement de deux ou trois versets. Que disent les autres versets ? Bien des choses, certaines d’une importance du même degré que la prière, le ramadan et la zakat. (Trois des cinq piliers de l’Islam) Il est cependant vrai que nous vivons une époque d’ignorance et d’hypocrisie, car des fois on sait, mais on ferme les yeux. C’est tellement plus facile de fermer les yeux. La cité qui était située à Nanterre (92) était composée de baraques préfabriquées. Démunies de douche et de salle de bains. Ma mère nous douchait dans des bassines après avoir fait chauffer l’eau sur le gaz. On vivait avec les cafards, on avait des relations tout à fait amicales avec eux dans la mesure où j’ai toujours vu des régiments de cafards, j’en concluais donc que leur présence était normale aussi normale que le toit de la maison. De plus, je ne considère pas que la présence de cafards dans une maison soit synonyme de misère. En France la misère n’est pas comparable à la misère de nos frères palestiniens par exemple. Dire que j’ai vécu dans la misère matérielle serait un peu excessif, mais j’affirme haut et fort avoir vécu l’injustice sociale, puis pénale. J’affirme haut et fort que ma vie comme celle de nombre de mes amis, a été terriblement dure et que notre dignité a souvent été bafouée. La misère matérielle est je pense, bien plus facile à supporter que la misère de l’être. La couleur du sol, des mur, des fenêtres de notre baraque était celle d’une prison, gris béton, ou d’un jaune pourri. En dépit de cela, ma mère qui avait mis au monde dix enfants, n’a jamais négligé son travail, elle n’a jamais faibli face à la difficulté et pourtant elle ne jouissait d’aucun confort ni d’aucune rentrée d’argent. Et bien que mon père ne fût pas doux avec elle, elle n’a jamais failli à son devoir de femme avec un grand « F ». Des souvenirs en ce sens m’ont fortement marqué. Il n’y avait ni eau chaude, ni machine à laver, ni aspirateur et pourtant, jamais, je dis bien jamais, à l’école profs ou élèves ne m’ont fait de réflexion quant à l’état de mes vêtements ou de ma propreté. Bien au contraire, j’étais plus propre et mieux habillé que certains français qui eux habitaient les résidences non loin de notre ghetto. Nous étions tels des indiens parqués dans des réserves, ce qui devait être des cités de transit, étaient en réalité des cités où nous devions vivre pour un long moment. Cependant, je ne regrette rien de ce que j’ai vécu dans ce que j’appelle les camps de regroupement, car je sais que la rue vous apprend la vie et si vous triomphez de la rue, vous triomphez de la vie. Bien que je regrette et que je pleure nombre de mes amis d’enfance lesquels ont eux été avalés par la rue. Ils étaient tellement vulnérables et mentalement faibles, tel un lapin qu’un gros serpent engloutit d’un seul coup de mâchoire. Peut-être pourrontils compte tenu de leur âge et donc de leur état d’ignorance, bénéficier de la clémence du Créateur. Je l’espère vraiment. Comme j’espère que les autres, c’est à dire nombre de dirigeants qui se prétendent chrétiens, juifs ou musulmans seront soumis au feu ardent qui dévorera leurs tripes. Ce pour leurs crimes et leur hypocrisie. «Un jugement inexorable s’exerce en effet sur les gens haut placés ; Au petit, par pitié, on pardonne, Mais les puissants seront examinés puissamment. Car le Maître de tous ne recule devant personne, La grandeur ne lui impose pas ; Petits et grands, c’est lui qui les a faits Et de tous il prend un soin pareil Mais une enquête sévère attend les forts » A travers l’expérience de mon enfance, je ne peux que reconnaître que la femme doit être considérée avec un respect et un honneur évidents. Même s’il est vrai que les femmes de cette qualité sont extrêmement rares, surtout en cette époque. Et c’est probablement ce souvenir resté en mémoire, qui fit que, le grand nombre de livres religieux que j’ai lus dont l’orientation n’était pas très favorable à la femme, n’eut aucun effet sur mon point de vue. Je ne peux contester l’évidence et cette évidence m’interdit d’adopter un comportement hautain à l’égard de la femme. Qui peut nier que nombre d’hommes n’arrivent pas à la cheville de certaines femmes ? Je fais allusions à Marie mère de Jésus (sur eux la paix) et à Fatima (que Dieu soit satisfait d’elle) fille du prophète Mohammed (paix et prière sur lui) et ce ne sont pas les seules. Chaque époque a son lot de grands hommes et de grandes femmes, comme elle a son lot de crapules et de vauriens. Et je crains que nous vivions une « belle » époque de fumiers ! Je reste néanmoins complètement accroché au Coran et à la tradition prophétique sur ce sujet. Contrairement comme je viens de le dire, aux livres de certains théologiens
qui manifestent un mépris évident à l’égard de la femme. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est absolument nécessaire pour comprendre mes ennuis, de revenir au début de mon militantisme c’est à dire en 1993, quant à ma conversion elle date de 1988. Je me permettrai de raconter très brièvement ma vie avant ma conversion à l’Islam.
www.editionsles12.com/comme-dans-un-film-complet.pdf